Cannabiz – La nouvelle frontière canadienne
Avec la popularité croissante des entreprises de cannabis médical cotées en bourse et la légalisation imminente de sa consommation pour usage récréatif, nous assistons à une explosion du nombre de startups technologiques prêtes à profiter de cette nouvelle envolée du cannabiz. C’est donc naturellement que l’idée d’organiser un événement explorant le mariage du pot et de la technologie s’est mise en place.

Dans cet esprit, l’équipe de Startupfest est ravie de lancer en partenariat avec la société californienne HelloMD le CannabisFest. Cet événement Premium est entièrement consacré aux entrepreneurs du cannabis et aux intéressés de ce domaine émergent, qui promet de se développer en marché de plusieurs milliards de dollars. Au-delà du désir de se positionner comme irrévérencieux ou osé, ce nouveau volet du Startupfest est un signe évident de l’engagement et de la mission du festival de garder une longueur d’avance sur de nouveaux marchés et de nouveaux débouchés.
À quoi peut-on s’attendre de ce nouveau marché ?
Avec des études estimant le marché mondial à 55,8 milliards de dollars d’ici 2025, le Canada prévoit se tailler une bonne part du gâteau, un sondage de Deloitte Canada prédisant d’ailleurs une valeur possible de 22,6 milliards de dollars pour l’industrie canadienne.
Ce saut nécessitera cependant beaucoup d’ingéniosité et d’innovation. Les industries canadiennes de production, technologie et de création travaillent déjà d’arrache-pied, et semblent prêtes à s’approprier et à élargir le marché du cannabis national et international.
Le Canada est-il réellement prêt pour une production, fabrication, commercialisation et vente à grande échelle des produits récréatifs et médicaux, et ce, sous toutes ses formes ? Avec le gouvernement qui cherche à imposer des restrictions importantes sur la vente et la distribution des produits cannabis, quels sont les débouchés possibles ?
Où en sommes-nous aujourd’hui, et comment sommes-nous arrivés ici ?
Depuis juillet 2001, le cannabis est légalement accessible à des fins médicales au Canada. Dans les années qui ont suivi, Santé Canada a continué d’élargir sa définition des principaux déterminants juridiques du besoin médical, tout en adaptant la portée de ses politiques afin d’inclure les produits à base de cannabis tels huiles, les thés et les produits comestibles.
En 2017, la taille du marché de cannabis médical canadien était déjà estimée à 316 millions de dollars. Les experts estiment que ce chiffre atteindra 1,1 milliard de dollars d’ici 2020.
Suivre une affaire en or : le cannabis au Canada
– L’estimation de la valeur marchande du marché domestique canadien : 22,6 milliards de dollars
– Le cannabis devrait éclipser les ventes combinées de bière, de vin et de spiritueux
– 5,7 milliards de dollars dépensés en cannabis en 2017 – 90 % pour du pot illégal ou non médicinal.
– Moyenne dépensée pour le cannabis par année, par Canadien : 1 200 $
– Le Canada a produit pour 3,4 milliards de dollars de cannabis en 2017, suivi par 2,9 milliards de dollars pour la bière.
– Deux entreprises canadiennes de cannabis médical valent actuellement plus que tout le marché canadien.
– Une entreprise s’est déjà appropriée un tiers de l’industrie du cannabis au Québec
– Le Canada compte 84 producteurs autorisés.
– Entre 2016 et 2017, le Canada a connu une augmentation de cannabis médicale cultivée au pays de 236 %.
Prochaine étape cruciale : la légalisation de l’usage récréatif
Alors que certains pourraient s’imaginer un « free-for-all » canadien lorsque la légalisation du cannabis entrera en vigueur, il faut néanmoins garder en tête que pot légalisé dit également pot réglementé. Tout comme l’alcool, chaque province canadienne sera responsable de réglementer la façon dont nous achetons, vendons et consommons le cannabis récréatif à l’intérieur de ses frontières.
Voici un aperçu des règlements provinciaux actuellement sur la table :
Âge légal : alors que la proposition fédérale suggère que le seuil soit fixé à 18 ans, certaines provinces comme l’Ontario et la Colombie-Britannique risquent de garder les mêmes lignes directrices que celles de consommation d’alcool en optant pour 19 ans en tant qu’âge légal.
La publicité : la législation sur la commercialisation et l’image de marque du cannabis se situe quelque part entre le tabac et l’alcool — elle ne peut pas être trop séduisante, doit être informative et doit imposer des limites aux concours et à l’échantillonnage.
Certification : demander à devenir un fournisseur autorisé est un long processus fastidieux qui comprend sept étapes. Plusieurs petits joueurs ou vendeurs de produits dérivés (biscuits, huiles, thés) se retrouvent d’ailleurs dépassés devant l’étendue de la tâche.
Taux d’imposition : le gouvernement fédéral a proposé de plafonner l’impôt provincial-fédéral à 1 $ par gramme de cannabis — soit 10 % du prix de vente — payable par les fabricants. Le Canada recevra 25 % (plafonné à 100 millions de dollars) et les provinces empocheront 75 %.
Culture personnelle et consommation : les Canadiens pourront cultiver jusqu’à quatre plants par personne dans leur demeure. Le public sera autorisé à fumer et vapoter dans certains espaces réservés à cet effet — mais pas dans la voiture, les parcs ou les restaurants. Certaines provinces, par exemple le Québec, cherchent cependant déjà des moyens de limiter et peut-être même d’empêcher complètement les cultures maison.
Retombées économiques parallèles : au-delà de la production, des millions de dollars seront probablement injectés dans des industries connexes telles que l’éducation, les services policiers, les conseils juridiques et le tourisme du cannabis.

Quels sont les débouchés ?
En tant que premier pays du G7 à s’attaquer à la légalisation, le Canada occupe une position privilégiée pour accaparer des positions clés dans la chaîne d’approvisionnement du cannabis. Voici quelques-unes des possibilités prometteuses qui s’offrent à nous.
Paiements et crypto-monnaie : Les nouvelles technologies de paiement comme les Bitcoins permettent aux consommateurs de découvrir, commander, payer et de recevoir leurs produits en quelques clics et via leurs téléphones intelligents.
Recherche et développement : La technologie pour tester les niveaux de THC et de cannabinoïdes est exclusive et coûteuse. Il y a un débouché sur le marché pour des systèmes de test et d’analyse efficaces et abordables.
Optimisation du produit et longévité : Les technologies émergentes permettent aux producteurs et aux fabricants de réduire le temps de traitement, d’augmenter les niveaux de THC ou de cannabinoïdes et d’améliorer la durée de conservation.
Optimisation de l’inventaire : Les nouveaux systèmes de culture utilisent les derniers développements technologiques de l’agriculture verticale pour aider les producteurs à mettre en place, lancer et croître leur production.
Standardisation et évaluation : Dû à la lourde réglementation et aux importants investissements au niveau de la recherche, il y a maintenant une demande de logiciels permettant aux entreprises d’optimiser, de simplifier, de standardiser et de partager les données de leurs recherches.
Nouveaux marchés : Alors que les statistiques démontrent une consommation de cannabis presque équivalente entre les hommes et les femmes, l’image de marque et le marketing autour du cannabis ont traditionnellement eu du mal à s’éloigner de la publicité stéréotypée ou masculine. Les chiffres dévoilent également un vieillissement démographique des consommateurs récréatifs, qui bien souvent ne sont pas visés ou ciblés par la publicité. Ces marchés ont un pouvoir d’achat, et les fournisseurs canadiens sont bien positionnés pour lancer la première offre.
Pourquoi tous les yeux sont-ils rivés sur le Canada ?
Alors que le Canada s’est tourné vers le Colorado pour de nombreuses projections financières et pour leurs efforts de modélisation du marché, une grande partie du monde se tourne maintenant vers le Canada afin d’observer comment une économie et une nation de cette taille pourront façonner toute une industrie autour d’une substance tout récemment illégale.
Les principaux enjeux du moment :
Commerce : avec un marché au sud des États-Unis très réglementé et un manque d’expertise et une faiblesse d’infrastructure chez les autres pays en voie de légalisation, le Canada a la chance de créer un cadre réglementaire agile pouvant en faire un importateur et exportateur clé au niveau de la production, de la technologie et de l’expertise.
Premier arrivé, premier servi : étant l’un des premiers pays à légaliser à cette échelle, le Canada établi un précédant et servira d’exemple pour le futur de l’économie liée au cannabis. Si elle est bien jouée, cette carte de précurseur pourrait nous permettre de bâtir et d’établir une industrie de classe mondiale, comme nous l’avons fait avec l’industrie des jeux vidéo à Montréal.
La transition vers la légitimité : l’une des étapes les plus délicates de la transition entre l’illégalité et la rentabilité consiste à trouver un moyen d’intégrer les infrastructures, les marchés et les bassins de talent existants. Dans le cas du Canada, cela signifie trouver des moyens d’intégrer et de tirer parti des fournisseurs, distributeurs et experts, anciennement considérés comme suspects et illégaux.

Comment le cannabis va se populariser
Bien que le Canada ait fait beaucoup de chemin afin de démystifier et déstigmatiser la culture et la consommation du pot, il reste un certain malaise et une certaine méfiance auxquels il faudra s’attaquer pour que le pari du Canada porte ses fruits. Le rebranding du pot devra se faire à tous les niveaux, surtout chez les industries ayant un impact direct sur le produit, l’expérience et la valeur ajoutée.
Voici quelques éléments qui faciliteront la transition et sécuriseront notre positionnement clé dans l’univers du cannabis.
Couverture médiatique alternative : Les médias ont commencé à normaliser la consommation de pot, laissant la place à la transparence, l’empathie et la diversité dans leur couverture médiatique du cannabis.
Des expériences sur mesure et uniformes : De nouveaux produits et outils dédiés à la consommation donnent au pot un côté tendance, voire même élégant : pensez aux E-cigarettes design, aux vins infusés au cannabis ou encore aux crèmes et lotions haut de gamme.
Accès facile et rapide : Les producteurs et les fabricants optimisent leur chaîne d’approvisionnement afin de se préparer à une livraison rapide et efficace le jour même et le lendemain de la commande.
Informations et données : Pensez à l’émergence d’applications et d’autres outils numériques permettant de documenter et de quantifier les expériences d’un client en fonction de différentes ambiances, produits et méthodes de consommation.
Au milieu de toutes les restrictions et de tous les obstacles auxquels l’industrie sera confrontée, la ruée vers l’économie canadienne du cannabis est clairement à nos portes et les possibilités de prospérer sont nombreuses.